Une conciergerie de quartier à Paris

Début avril, les habitants du 4ème arrondissement de Paris ont vu arriver ceci, devant l’église St Paul (près de la sortie de métro du même nom).
Un kiosque fleuri, une table, des chaises, des jeunes gens souriants, une déco digne de la réception du Grand Budapest Hôtel. Quand les passants s’approchent, on leur explique que « Lulu dans ma rue » est une conciergerie de quartier. La première d’une longue série, espère t-on.
Un Lulu peut vous aider à monter vos étagères Hindö au 6ème (et à les monter tout cours), récupérer pour vous un colis à la poste, réparer une poignée de porte, transmettre vos clés au réparateur de lave vaisselle, accompagner votre grand-mère à la gare et porter ses valises, promener le chien ou accompagner vos enfants à leur cours de judo le mercredi.
Le concept a été imaginé par le fondateur d’Emmaüs Defi, Charles Edouard Vincent, polytechnicien, ex-ingénieur, qui a plaqué son job chez un éditeur de logiciel pour s’occuper des exclus. Son idée? Pallier à la disparition des concierges dans les immeubles des grandes villes.
Lulu c’est un peu la Maxi Tête (les plus de 32 ans comprendrons). La barbe hipsterisée de Pierre Niney, le crâne dégarni de Jean Pierre Koff, et le noeud pap’ de Stromae. Du jeune, du plus vieux, du popu, du branché. C’est un homme. Pourtant les Lulu sont aussi des femmes.
Elles/ils sont à 90% des habitants du quartier: étudiants, chômeurs ou jeunes retraités. Certains Lulu ont aussi connu la rue. Ils ont besoin de temps pour réintégrer une vie de salarié classique. Ou n’en ont plus envie. » Le concept est de proposer un service plus personnalisé que ce qui existe déjà et qui s’intègre dans la vie du quartier, explique Nicolas Tronc, qui s’occupe de la communication. On veut aussi, quand c’est possible, qu’il intègre des parcours de vie plus difficiles ».
Les Lulu ont des profils variés. Un jeune homme à l’accueil du kiosque liste: « On a des informaticiens qui travaillent chez KPMG et qui sont partant pour donner des cours d’informatique. Un cuisinier nous a rejoint, on cherche des coiffeurs à domicile. Pour le baby sitting nous avons pour le moment une jeune étudiante en graphisme et une dame d’une cinquantaine d’années. Nous recevons des demandes pour nettoyer les ponts des bateaux stationnés sur le port de l’Arsenal, monter les alarmes anti-incendie qui sont devenues obligatoires ou remettre les clés à des locataires Airbnb ». Des apéros sont prévus pour réunir tous ces Lulu.
Le prix? 5 € les 20 minutes. Ce qui fait du 15 euros de l’heure. Avec un crédit sur les impôts de l’année prochaine car c’est du service à la personne. Les Lulu sont des auto-entrepreneurs. L’association récupère 15% de cette somme et s’occupe de tout: vérification des références, inscription au statut d’auto entrepreneur, assurance, prise de rendez-vous, prêt du matériel, facturation. « C’est aussi simple que le black mais ce n’est pas du black » résume Charles Edouard Vincent.
Le kiosque du 4ème arrondissement est joignable au 01 73 74 89 52 (8h-20h30 du lun au sam) et le site est là.
« Lulu dans ma rue » devrait s’étendre bientôt à toute la France.
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