L’homme est une puéricultrice comme les autres

Crédit Gilles Péris y Saborit
« Et si nous étions tous préoccupés par ce bébé ? ». C’est la question que pose Mike Marchal, éducateur de jeune enfant et formateur, sur son blog Médiapart « Mixité, égalité et petite enfance ».
Dans les crèches, les chiffres plaident pour une préoccupation essentiellement féminine. « Les homme ne sont que 0,5 à 1% des auxiliaires de puériculture et entre 3 et 4% des éducateurs jeunes enfants, selon les statistiques de sortie d’écoles », compte Mike Marchal. Une position qu’il situe « entre invisibilité sociale et surexposition professionnelle ».
Mike a vingt ans d’expérience dans le secteur. Sa vocation, il l’a découverte alors qu’il était objecteur de conscience (il a 44 ans, à l’époque le service militaire existait encore), dans une crèche parentale associative. Une première expérience de mixité réelle, car dans une telle crèche, les pères et les mères participent aux soins des bébés à tour de rôle.
En 2013 il a fondé l’association pour l’égalité et la mixité dans la petite enfance (AMEPE), dont la page Facebook relais les initiatives qui se rapportent au sujet, comme ce fascinant doc-photo sur le congé paternité en Suède ou des reportages TV qui montrent au journal de 13h qu’un homme sait changer une couche.
La présence d’hommes auprès des touts petits réveille, selon lui, deux principaux stéréotypes. La suspicion de pédophilie et le doute sur l’identité sexuée desdit hommes. « C’est tout en sous entendu mais on vous renvoie constamment au questionnement de votre virilité. Travailler dans la petite enfance c’est forcément être du côté du féminin. C’est à dire, peut-être, homosexuel ». Vous savez, cette même inquiétude homophobe qui interdit aux garçons de s’habiller en princesse, dès fois que ça leur donnerait envie d’embrasser des princes.
L’égalité et la souplesse des genres n’est selon lui travaillée qu’à sens unique. Si les femmes sont encouragées à s’orienter vers des métiers virils, les hommes ne sont pas incités à investir les territoires féminins. « Le passage du féminin au masculin est perçu comme une ascension, note t-il. L’inverse, du masculin vers le féminin, comme une descente, une dévalorisation.».
D’autant plus que ces métiers sont souvent mal payés. « La petite enfance est traditionnellement attribuée aux femmes, avec l’idée que le savoir se transmet de femmes en femmes ». Un savoir « naturel » qui dispenserait d’une formation trop poussée. Or la formation impacte à la fois les salaires et la reconnaissance sociale.
J’ai demandé à Mike si les hommes qu’il côtoyait dans les métiers de la petite enfance étaient souvent dans le rôle du boss. « Non, pas nécessairement, beaucoup sont dans l’opérationnel. Mais il est possible qu’ils soient plus rapidement invités à prendre des postes à responsabilités », admet-il.
Preuve que les stéréotypes naturalisent bien les rôles comme les inégalités.
Une réponse à “L’homme est une puéricultrice comme les autres”
Très instructif, merci.